La ministre se lance à la place de l’ex-candidat, qui s’est retiré après la diffusion d’images privées intimes. Le député Olivier Véran lui succède à la Santé.
L’urgence a eu raison de ses atermoiements. Agnès Buzyn remplace finalement Benjamin Griveaux dans la campagne municipale à Paris, «pour devenir la candidate du rassemblement», a-t-elle annoncé dimanche à l’Agence France-Presse (AFP). À un mois des élections municipales, la ministre des Solidarités et de la Santé succède au chef de file parisien de La République en marche (LREM), qui s’est retiré vendredi après la diffusion sur le web d’images privées intimes.
«J’y vais avec cœur» et «pour gagner», a-t-elle déclaré en fin d’après-midi devant de la presse, à la sortie du ministère de la Santé. «J’ai toujours vécu dans cette ville, j’y ai élevé mes enfants, je la connais, je connais aussi ses problèmes, il faut les régler avec calme et détermination… Je suis venue chercher la confiance des Parisiennes et des Parisiens pour améliorer leur qualité de vie.» Convaincue que son ministère «a besoin d’un engagement plein et entier», Agnès Buzyn a démissionné du gouvernement. Elle a été remplacée par le député LREM de l’Isère et médecin Olivier Véran, a annoncé l’Élysée.
Première candidature
En succédant à l’ex-candidat LREM, cette médecin de formation, propulsée en politique à l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, se lance à 57 ans dans sa première campagne électorale…après quelques hésitations. Un temps désireuse de conduire la liste de la majorité aux européennes de mai dernier, elle avait fini par y renoncer au profit de l’ex-ministre Nathalie Loiseau.
Mêmes tâtonnements ces dernières semaines, quand cette femme classée à gauche était pressentie pour mener la campagne municipale dans plusieurs arrondissements parisiens, jusqu’à ce qu’elle décline la proposition. Encore vendredi, interrogée sur un remplacement de Benjamin Griveaux, elle avait pointé un agenda chargé, entre la crise au sein des hôpitaux et l’épidémie du coronavirus.
«À même de rebattre les cartes»
À Paris, le choix de cette pièce-maîtresse de l’exécutif satisfait ceux qui, au sein du parti majoritaire, plaidaient pour la candidature d’un «poids lourd». Sa candidature «est à même de rebattre les cartes», a assuré à l’AFP le numéro un de LREM, Stanislas Guerini.
Désormais investie par LREM, Agnès Buzyn devra corriger la trajectoire d’une campagne accidentée, face à ses concurrents – notamment la maire socialiste sortante Anne Hidalgo, l’ex-ministre Rachida Dati, représentante des Républicains, et le dissident LREM Cédric Villani. En se déclarant, elle s’expose toutefois au risque d’un échec qui pourrait compromettre sa jeune carrière politique.